TOUT PLAQUER !
ENTRE APPÉTIT ET DÉGOÛT
Qui peut dire qu’il n’a jamais, au moins une fois dans sa vie,
eu envie de faire table rase du passé pour tout recommencer !
Remettre les compteurs à zéro et repartir.
Pourtant, c’est comme si une force intérieure puissante faisait obstacle…
Parfois, pesé dans la balance, le pour l’emporte sur le contre. Nous sommes en conflit interne, partagés entre l’envie et la peur. Notre cerveau est dialectique. N’est-ce pas osé de choisir un changement de cap ? Le désir de renouveau est tel qu’il nous pousse au-delà de notre propre nature qu’est l’immobilisme de l’homo habitus. D’ordinaire, le changement de direction s’impose à nous et peut même être subit telle une contrainte. C’est un accroc dans notre parcours, un accident de la vie, un traumatisme, un deuil qui nous amène à repenser notre vie. Rien ne sera plus comme avant. Tant de décisions sont à prendre et tant d’actions sont à poser…
J’aime mon train-train serein
L’absence de changement nous est rassurant. C’est pourquoi l’homme est en recherche permanente de stabilité dans sa vie. Cette dernière est gage de sécurité, le premier de nos besoins primaires qui doit être assouvi, selon le psychologue Maslow. Nous recherchons alors un emploi qui nous permet d’assumer nos charges et, dans la mesure du possible, nos loisirs.
Le conscient aime la sécurité et cherche à reproduire ce qui est connu car l’inconnu suscite davantage de peur que notre quotidien, aussi sombre soit-il. Alors, nous ancrons des habitudes. Nous l’agrémentons avec des objectifs à court terme nous procurant des plaisirs immédiats. Et lorsque les évènements nous mettent à l’épreuve nous nous en retournons vers notre destin.
C’est encore lorsque nous tentons de passer le cap que de nouvelles barrières se dressent devant nous. Notre petite voix intérieure nous alerte sur tous les risques et les dangers qui nous attendent au tournant : « tu n’es pas capable ». Nous commettons l’erreur de faire confiance à notre saboteur, de lui accorder tout notre crédit. Il nous dicte sa loi et fait alliance avec notre entourage. Notre famille, nos amis, ne sont pas avares de recommandations et de mises en garde diverses et variées. Nous apparaissons comme irréfléchis, ce ne sont que des prises de risque inutiles. Avons-nous bien pensé au pire ?
Toutefois, elles sont parfois à reléguer au panier car elles ne sont que le reflet de leurs propres peurs. Alors, on s’identifie à leurs peurs, on les prend pour notre… et la boucle est bouclée.
La peur du changement versus…
Pourtant, l’essence même de la vie est son impermanence, car rien n’est figé, rien n’est inscrit dans le marbre, finalement tout est changement.
La vie vous met à l’épreuve, parfois avec rudesse…vous traversez un divorce, un licenciement par exemple. Mais pourrait-on envisager ces évènements malheureux comme des opportunités ? Nous pourrions l’envisager comme une déviation vers le cheminement de soi. En prenant l’autre versant, on peut percevoir un déménagement, un nouvel emploi, comme de nouvelles promesses. On passe alors d’un changement subi/contraint à un changement voulu voire désiré.
Mais alors, pourquoi n’est-ce pas aussi simple…qu’est-ce qui nous en empêche ? Renoncer à certaines habitudes, toute la question est autour du risque. Pour répondre à ces questions, on peut s’appuyer sur cette phrase de Irvin Yalom qui dit que : « Les décisions sont coûteuses parce qu’elles exigent une renonciation ». Il s’agit d’un renoncement à certaines habitudes qui peuvent générer des sentiments nostalgiques et de regret. Nous sommes plongés dans une insécurité affective. Le stress s’immisce insidieusement et notre système hormonal sécrète du cortisol.
À tel point que certains d’entre nous se confrontent véritablement à une résistance au changement élevée au rang de phobie. On la nomme la métathésiophobie. Elle est une peur démesurée et irraisonnée de l’imprévu. L’éventualité même d’un changement peut créer une peur panique alors même que la situation ne présente aucun danger. Pour s’en prémunir et garder au maximum le contrôle, nous pouvons développer certaines stratégies d’évitement, d’enfermement voire de mensonges.
…Versus la peur de la routine
Nous sommes plein de contradictions, lorsque nous avons gagné cette stabilité, nous n’attendons qu’une seule chose : casser la routine. Nous cherchons à briser nos habitudes, à bouleverser notre rythme : nos cinq semaines de congés payés en sont le révélateur. Pour preuve, à peine rentré qu’il nous faut déjà anticiper nos prochaines vacances.
L’invariable routine nous enferme dans une stabilité qui peut s’apparenter à un cycle répétitif comme si nous étions installés dans un jour sans fin, empreint de monotonie.
Alors, il devient vital d’opérer le changement. Il est une déferlante d’hormones du bonheur. Notre système limbique, siège de nos émotions, nous inonde de dopamine et d’adrénaline. Ces sécrétions boostent notre motivation et génèrent des comportements positifs : la prise d’initiatives, la persévérance, l’innovation. Nous nous inscrivons, sous cet angle, dans un nouveau cercle vertueux.
Comment passer d’un schéma de pensée à un autre ?
Partagé entre l’envie et la peur, c’est un véritable défi personnel qui nous attend. Le désir de changement peut être motivé par une situation perçue comme insupportable et totalement subie. Nouvellement conscient de ce contexte délétère, nous nous résolvons à ce constat : il ne peut plus perdurer. Les choix deviennent conscients et c’est une très bonne nouvelle, car c’est à ce moment précis que la bascule s’opère. Alors, nous nous découvrons des ressources insoupçonnées comme notre capacité à nous adapter à une nouvelle situation jusqu’alors pourtant inconnue. Peu à peu, des sentiments nouveaux se révèlent : notre confiance en nous, de la fierté.
Autant que faire se peut, il s’agit de vivre ce changement de manière confortable. Grandissent en nous certaines de nos qualités : Nous sommes dotés de deux sortes de motivations : l’intrinsèque et l’extrinsèque. Cette double motivation est décrite comme un « processus psychologique par lequel un individu tente, par désir ou par passion, de concrétiser un projet en fonction de ses intérêts personnels. Par opposition, la motivation extrinsèque se développe en fonction des attentes ou des désirs des autres »
Puis, nous sommes dotés de nombreuses ressources internes et externes. Elles viennent nous étayer avant que le changement ne devienne véritablement une habitude.
Ensuite, c’est notre sens de l’engagement qui prend le relais. Celui-ci nous permet de tenir bon dans la dynamique de changement que nous avons amorcé.
Alors, pour passer de la prise de décision à l’action, la mise en œuvre, Jean-Jacques Garet nous écrit : « Transformez-les « pourquoi » en « comment ». Pourquoi tourne le cerveau vers le passé pour chercher des excuses. Alors que « comment » tourne le cerveau vers le futur pour chercher des solutions ».
L’hypnose amène à repenser notre schéma de pensées ; Nous réfléchissons autour de nos croyances ; Nous révisons nos comportements induits par la peur du changement autour de la procrastination voire de la fuite ; Nous sommes amenés à travailler nos sensations désagréables et réviser nos peurs. En douceur, par le biais de la dissociation, l’hypnose permet de nous « confronter » pour mieux percevoir les possibles de notre futur. L’hypnose permet de se mettre en situation de réussite plutôt que d’échec.
Le changement : un diktat sociétal
À l’image du diktat du bonheur, bien ancré maintenant dans notre société, le changement est prôné. Pourtant, pour vous, vous apparaît-il comme une opportunité sans que vous ne puissiez encore l’atteindre. Il s’agit de se poser les questions suivantes : le changement est-il nécessaire dans ma situation ? Pour qui ? Pour moi ? Pour les autres ? Qu’est-ce que j’attends d’un changement ? Et surtout, à quelle forme de changement pensez-vous ? Peut-être a-t-il déjà opéré, malgré vous ?